Une souris verte qui courait dans l'herbe

La mouche se posa sur le papier. Un geste de la main chassa la mouche. Elle partit en vrombissant, seul bruit dérangeant la sage tranquillité studieuse du lieu. Elle se tapa la tête contre le panneau gauche de la vitre, alors que le droit était grand ouvert dans l’espoir pour l’instant vain de capter un courant d’air frais, et revint se poser sur une pile de feuille… L’insecte parcourut la texture de ses petites pattes, puis entreprit de grimper une montagne rose qui se trouvait sur son chemin. La colline s’avéra être un bras, qui s’agita brusquement. La mouche reprit, fit trois fois le tour du plafond en se cognant dans les coins et revint se poser sur le papier… Un mouvement, plus brusque cette fois, s’abattit là où se trouvait le diptère l’instant auparavant, avant de s’envoler en sentant une vibration dans l’air. Alla s’écraser contre la vitre gauche et revint sur le bras…
– « MAIS CE N’EST PAS UN PEU FINI, NON ? »

Si la mouche avait eu un cœur, elle aurait fait une crise cardiaque… Entre la brutale levée d’un corps, le cri assourdissant et la les vibrations qui s’en suivit… Paniquée, la mouche s’envola, fuyant ces courants d’air violents et inattendus. Elle alla s’emboutir dans toutes les surfaces vitrées et les coins, poursuivie par ses méchantes montagnes de texture rose qui en voulaient clairement à sa vie… Finalement, elle capta un courant d’air différent et s’envola pour de nouveaux cieux… Sauf qu’on moment de partir, le vent retomba. Et la mouche revint sur ses pas… Se poser sur le papier…

Ok…
Mouche 1 – Shûhei Hisagi 0…


Le vice capitaine de la neuvième galerie avait le choix entre plusieurs options.
1. Se frapper la tête contre le mur (pas la table, parce qu’elle risquait de ne pas supporter le choc)
2. Démolir la pièce en tentant de sortir cette satanée mouche de son bureau
3. Partir lui-même de la pièce, en abandonnant toute cette paperasserie qui, à un juger par les étiquettes, était de la plus haute importance, requérait sa plus total attention de façon la plus urgente possible.

Quel dilemme ! Que quelqu’un vienne le sortir de cette misère ! N’importe qui

La porte du bureau s'ouvrit à la volée, et une main experte dans l'extermination emprisonner la fameuse mouche, qui alertée par le bruit et le courant d'air subit, avait voulut virevolter jusqu'à la sortie. La main se serra de plus en plus, un peu gênée par le chatouillement que provoquaient les battements frénétiques des ailes de la mouche prisonnière. Les parois se resserraient autour d'elle, elle était faite. La main se rouvrit et laissa tomber sur le sol un cadavre noir.

Ayano d'un balancement de tête vit voler ses cheveux blancs et noirs en arrière, afin se de dégager la vue, et de chercher des yeux le casier ou poser toute cette paperasse qu'elle venait de remplir pour la Dixième Division. Elle reconnut alors le lieutenant de la Neuvième Division, Shûhei Hisagi, ou "69-chan" comme l'appellaient ses deux amis, en proie à un manifeste grand désespoir. Le désespoir de la paperasse administrative... Pour s'en être arraché les cheveux toute la matinée, Ayano connaissait bien ça... Elle s'approcha du bureau ou était assis le lieutenant :

-Bonjour! J'ai des rapports de la dixième division à remettre ici!

Avec un petit sourire, elle déposa la liasse de papiers sur la table, avant d'attendre la réaction de Shûhei... Serait-il traumatisé par l'administration? En tout cas, elle allait pouvoir en profiter pour discuter un peu, et échapper à Matsumoto et ses apéros Saké de 11h du matin... Et échapper aux tâches administratives qui l'attendaient encore... On ne s'en sort jamais de la paperasse, c'est un cercle vicieux dans lequel un 3ème siège ou un fukutaicho tombe inévitablement à la Soul Society!

La mouche est morte ! Longue vie à la mouche !

Le sourcil de Shûhei tiqua à la vue de nouveaux rapports. L’envie irraisonnée de montrer la poubelle à la jeune shinigami et de lui sortir « cool, voilà la nouvelle boite de rangement » était d’une tentation folle. Mais pour le vice-capitaine, le devoir avant tout…

– « ……… merci. Vous pouvez poser ça là… euhhh….»
Il chercha un endroit praticable sur son bureau, qui disparaissait déjà sous une pile de papiers… A défaut de place, il ôta sa tasse de thé de l’endroit où il l’avait stratégiquement placée, à portée de main, pour dégager un carré de bois. « Ici. »

D’une main lasse, le jeune homme se frotta les paupières et roula des épaules, pour tenter de détendre des muscles crispés par une position assise répétée.
– « Vous pouvez me faire un résumé bref et concis de ces rapports? Les choses urgentissimes qui demandent mon attention en priorité ? »
Des fois, Shûhei se demandait pourquoi il n’y avait pas une technique kîdo qui permettait de se dédoubler… ou détripler… ou déquadrupler…
– «Excusez-moi, quelle division vous avez dit?»

Cerveau, es-tu là? Là … là… là……là
Ceci était l’écho dans la boite crânienne de Shûhei, ses neurones venant de déclarer grève. Pour durée indéterminée…

Eh bien, le fukutaicho semblait vraiment crouler sous le travail... Dégageant un coin de bureau à la va-vite, il lui fit signe de poser sa liasse de papier à cet endroit. La shinigami s'exécuta Et posa la dernière pièce à la nouvelle sculpture post-moderne contemporaine qu'elle avait envie d'intituler "Envie de suicide Administratif". Ce tableau faillit la déprimer complètement, et dans un élan de charité pour le pauvre Lieutenant surmené, et aussi parce que le désordre avait tendance à lui hérisser le poil, elle s'attela au rangement du bureau. Elle tria les dossiers en fonction de la Division (car oui, ils étaient mélangés) faisant ainsi treize piles bien ordonnées, rangées des demandes les plus pressantes aux moins importantes, jeta toutes les choses inutiles, les vieux mouchoirs, les avions en papier, les épluchures de crayon etc etc... Elle entendit enfin que Hisagi s'adressait à elle.

– « Vous pouvez me faire un résumé bref et concis de ces rapports? Les choses urgentissimes qui demandent mon attention en priorité ? »

La jeune femme désigna la dixième pile, qu'elle tapota du toi en répondant :

-J'ai tout classé déjà. Le plus urgent est sur le haut, une demande du capitaine pour une éventuelle obtentions d'informations sur les modes de fonctionnements de la 9ème division avant le départ de Tôsen, ainsi qu'une proposition de fusion des groupes d'intervention lors des patrouilles au Rukongai...

Voyant la tête fatiguée et pleine d'incompréhension du fukutaicho, Ayano laissa tomber l'énumération des dossiers... Surtout qu'elle se demandait elle même si elle ne s'était pas mélangé les pinceaux dans les demandes... Elle replaça le dernier crayon vacant dans le pot prévu à cet effet, avant de contempler son travail de rangement, satisfaite d'elle. Le fukutaicho lui adressa la parole à nouveau.

– «Excusez-moi, quelle division vous avez dit?»

Définitivement, il va falloir qu'il fasse un break dans la paperasse lui... Ayano se tourna vers lui, le sourire aux lèvres, fière de son rangement :

-Dixième Division, celle du Capitaine Hitsugaya. C'est le 10ème tas de papiers en partant de la gauche. 3ème siège de la Dixième Division, Kurohana Ayano, s'empressa-t-elle d'ajouter, pour se présenter.

Shûhei hésita entre hurler de rage comme un tigre enragé, fondre en larme comme une fillette ou prendre sur soi comme un homme de devoir. Bien que l’intention fût là, la jeune fille venait de ranger son bordel organisé. Il avait tout classé selon la priorité, le thème, la date de rendu puis la difficulté à lire l’écriture de l’auteur du rapport et enfin, la couleur de chemise du rapport. Certes, maintenant, il pouvait voir son bureau et même poser sa tasse. Tiens un reste de pain de chocolat ! C’était donc là qu’il se cachait, le coquin ! Sauf que la 3ème siège avait décidé que le coquin n’était pas un coquin et le balança dans la poubelle. Noooon reviens !!! Shûhei assista à la mort de son quatre heures avec les yeux d’un chiot labrador à qui on aurait enlever l’os en plastique. Vous savez, celui avec le grelot dedans….

– « Ah. Shûhei Hisagi…» se présenta-t-il automatiquement en réponse, bien qu’il se doutât que cette Ayano connaissait déjà son identité. « Mode de fonctionnement avant…. Avant... avant donc… » Impossible de prononcer son nom. Le cœur du shinigami saignait encore. Quant à appeler la suite d’événements « l’accident Aizen» ou pire encore « l’incident Aizen»… Trahison aurait fait l’affaire, mais Shûhei n’aimait pas ce terme, parce que cela sous-entendait que Tôsen, le grand et juste Tôsen, avait également trahi. Et oui, au fond de lui, le tatoué nourrissait encore l’espoir que son capitaine jouait un double jeu, et que sa loyauté envers la Soul Society était irréprochable.

– « Avant, on avait un capitaine qui prenait les décisions, et moi qui traitait en conséquence. Et on ne me prenait pas la tête avec des remises en cause de la moindre feuille de papier que je tamponne ou ai tamponné…»
Ben oui, non seulement il se tapait le boulot de son capitaine, en plus du sien, mais en plus devait-il faire face à des reproches et insinuations à peine voilés.

Soudain, Shûhei réalisa de quelle division elle venait…
– « Dites-moi donc, si votre capitaine et vice-capitaine sont en mission sur Terre, qui va assister à la réunion des fukutaisho cet après-midi? Est-ce qu’ELLE va revenir ? ou sera-t-elle remplacée ? ou juste absente ?»

Ayano observa le Lieutenant avec désappointement. Le départ de Tôsen l'avait lourdement affecté, elle le savait, et elle avait peut-être fait une boulette en mentionnant l'ex-capitaine... Mais il fallait dire les choses comme elles sont, et il se trouvaient que les demandes dans les rapports avaient des sujets plutôt étranges... Elle était sûre d'avoir fait une boulette quelque part dans ce qu'elle avait dit à Hisagi. Il répondit sur un ton un peu agressif, le jeune femme sentait bien que l'entaille était profonde :

– « Avant, on avait un capitaine qui prenait les décisions, et moi qui traitait en conséquence. Et on ne me prenait pas la tête avec des remises en cause de la moindre feuille de papier que je tamponne ou ai tamponné…»

Ok, il semblait à bout de nerfs. En plus le rangement d'Ayano ne semblait pas le mettre en joie... Et hop, encore une boulette, tu les enchaîne aujourd'hui ma vieille... Kuso! Tiens, il semblerait qu'une lumière soit passé dans l'esprit du fukutaicho :

– « Dites-moi donc, si votre capitaine et vice-capitaine sont en mission sur Terre, qui va assister à la réunion des fukutaisho cet après-midi? Est-ce qu’ELLE va revenir ? ou sera-t-elle remplacée ? ou juste absente ?»

La réunion des vices-capitaines! C'est vrai qu'il y en avait une cette après-midi, et Asuka devait sûrement l'avoir oubliée... Elle allait lui rappeler tout à l'heure. A vrai dire, pour répondre à sa question, Ayano était assez embêtée... Comme Hitsugaya taicho et Matsumoto-san étaient partis assez brusquement, ils ne lui avait laissé que très peu d'informations, de la paperasse, et des heures de prise de tête...

-Matsumoto-san? A vrai dire, je ne sais pas, je pense qu'elle sera absente. Personne en particulier n'a été désigné pour la remplacer, et je doute qu'elle revienne à la Soul Society pour la réunion...

Elle ajouta aussi :

-... Désolé. Je sais que c'est compliqué pour toi, euh vous, Hisagi-san. Et désolé, pour vous avoir apporté encore plus de travail, avait-elle ajouté, un sourire gêné, passant négligemment la main derrière la tête.

Bam, troisième boulette, confusion dans les pronoms... Super, elle va entrer dans le livre des records à la fin!

Le visage fermé de Shûhei s’éclaira d’un rapide mais sincère sourire. Matsumoto n’était pas là ! Hourrah ! Banzai ! Enfin une réunion qui allait se passer plus ou moins normalement et surtout, allait se finir normalement ! Ce n’était pas qu’il n’appréciât pas la compagnie de la blonde, mais il trouvait dérangeante son insistance à vouloir le faire boire à tue-vas.
– « Ne dis pas de bêtise, veux-tu! Tu as fais ton travail, et si ça ce trouve, je pourrais te relire, toi au moins… Et le « je » le « vous »… tu es 3ème siège, techniquement, tu es en mesure de remplacer Matsumoto. Notamment lors des réunions… » grommela-t-il. Il n’était ni furieux ni grognon, juste pris dans ses dossiers.

Hisagi fut prit d’une poussée d’adrénaline en apprenant ainsi qu’il n’allait pas perdre la moitié de son après-midi et être sous-productif le reste de la soirée. Du coup, son planning de tâches prenait une dimension plus agréable. Motivé, il s’empara de dossiers, plumes et tampons et fut pendant 3 minutes au centre d’un tourbillon de papier, de formulaire et d’encre. Puis, d’un geste calme, il posa son pinceau et entreprit de tasser une bonne quinzaine de pochettes, dûment traitées. Shûhei s'autorisa un petit hochement de tête satisfait, avant de faire glisser à lui le dossier urgent de la dixième division. D'un signe de main, il invita son interlocutrice à s'asseoir. Elle ne l'avait pas encore fait, ce qui était très étrange. Le tatoué avait l'habitude des manières sans gêne de Renji ou de Yachiru.

– « Tu disais, 3ème siège de la Dixième Division, Kurohana Ayano ? Ah, tiens… pendant qu’on y ai… qui dirige votre section ? Toi ? » demanda-t-il en consultant le rapport. Automatiquement, il tendit la main vers sa tasse de thé... vide. « Est-ce que tu aimes le thé vert? »

– « Ne dis pas de bêtise, veux-tu! Tu as fais ton travail, et si ça ce trouve, je pourrais te relire, toi au moins… Et le « je » le « vous »… tu es 3ème siège, techniquement, tu es en mesure de remplacer Matsumoto. Notamment lors des réunions… »

Ayano avait vu le visage du lieutenant s'éclairer d'un bref sourire. Apparemment la nouvelle comme quoi Matsumoto n'était pas présente lui avait redonné la joie de vivre. En froid avec la fukutaicho? Hum, il est vrai que la grande blonde avait tendance à taper sur les nerfs de la shinigami aussi... Mais bon, c'était son lieutenant, il fallait faire avec.
Les paroles dites sur un ton grincheux par Hisagi firent sourire la jeune femme. Elle qui croyait l'avoir froissé, finalement, elle s'en sortait pas trop mal... Hisagi l'invita à s'asseoir. Elle s'exécuta, et il reprit la parole.

– « Tu disais, 3ème siège de la Dixième Division, Kurohana Ayano ? Ah, tiens… pendant qu’on y ai… qui dirige votre section ? Toi ? »
- En effet... répondit la jeune femme en se souvenant du joli et ENORME tas de papiers qui l'avait accueilli le lendemain du départ avec des recommandations du Taicho et du Fukutaicho posées sur le dessus. (Notamment le "pense à aller chercher aussi 4 ou 5 bouteilles de saké pour mon retour, je n'ai pas eu le temps de faire le plein" de Matsumoto, qui l'avait passablement énervé). Je ne pensais pas aller à la réunion, n'ayant pas été informée, mais s'il y avait un représentant de la Dixième Division, c'est vrai que ce serait mieux.

Et hop, encore un truc de plus à faire! Génial.
Le fukutaicho lui demanda alors si elle aimait le thé vert, elle acquiesça. Il avait omme reprit du poil de la bête, depuis l'annonce de l'absence de Matsumoto à la réunion, et s'était attelé à la tache administrative avec une nouvelle énergie.

– « hé bien, tu sais quoi? J’ai envie de prendre l’air. Alors, on va avoir un rendez-vous professionnel, tous les deux, sous la véranda du patio. Et on va emmenez suffisamment de boulot pour tenir jusqu’à la réunion des fukutaisho. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Dans l’esprit du brun, il n’était même pas venu à considérer d’Ayano avait sûrement autre chose à faire. Elle était ici pour parler papier non ? Ben, ils allaient parler papier… Dehors. Là où la chaleur étouffante n’accablait pas les pauvres shinigami assidus. Hop, Shûhei collecta dossiers et fournitures de base, puis trottina jusqu’à la porte, qu’il ouvrit en grand.

[HS : …. Si tu vois où je veux en venir ^^]

Ayano se leva d'un bond, prenant au passage quelques feuilles de papiers pour se faire une joli masse de travail à abattre pendant cette "réunion professionnelle" (il va sans dire qu'elle avait bien sûr complètement oublié que le tas dans lequel elle avait pioché n'étaient en fait que des feuilles vierges...), et remonta ses lunettes sur son nez.

-Ca marche!

Vérifiant qu'elle avait bien un crayon planqué quelque part dans son haori, elle emboîta très vite le pas à Hisagi, qui avait déjà presque sauté hors du bureau. A présent, ils marchaient tous les deux dans les couloirs des quartiers de la 9ème Division. La petite taille d'Ayano la forçait à lever la tête pour regarder le fukutaicho alors qu'elle lui adressa la parole :

-C'est à quel sujet la réunion des fukutaichos cette après-midi? Enfin, merci Matsumoto de m'avoir averti...

Pourtant, ils n'étaient pas partis depuis si longtemps... Elle devrait l'avoir prévenu... Ah, c'était peut-être ça le post-it froissé écrasé à moitié sous une pile de papiers et avec le thé renversé dessus... Ayano se plaqua la paume de la main sur son front, dans un élan de désespoir.

(HJ : C'est fou ce que l'administration donne envie de travailler... ^^)

Shûhei marchait d’un pas lent pour lui, mais pour chaque enjambée qu’il faisait, Ayano devait en faire deux ou trois pour rester à niveau. Avec la chaleur ambiante, courir ou même trottiner semblait relever de l’impossible… Aussi, le vice-capitaine prit-il de l’avance sur sa collègue de travail et quand celle-ci sortit sur la véranda, le brun était déjà installé.

Assis tout près du bord de la terrasse de parquet surélevé, il laissait une de ses jambes pendre dans le vide, tandis que l’autre était replié sous lui, lui servant accessoirement de table de travail. Le dos droit collé à un pilier qui soutenait l’arche délicate qui s’élevait au dessus de le tête, leur procurant ainsi ombre et fraîcheur, il organisait ses fournitures et papiers.
Il avait dû demander à un jeune shinigami, probablement encore un étudiant à l’académie, de leur apporter une carafe de thé vert fraiche, accompagnée de tranches de fruits juteux. D’un geste presque délicat, il fit signe à son hôte de se mettre à l’aise.
– « La reunion de cet après-midi n’aura rien de bien extraordinaire. Il s’agit surtout de coordonner nos efforts et faire circuler l’information. Par exemple, cette proposition de fusion temporaire entre nos deux divisions, maintenant que nous nos deux capitaine sont manquants, ainsi que Matsumoto… » Shûhei tapota le dossier qu’il consultait… « Proposition que j’approuve… » Il piocha un tampon-sceau dans son tas de fourniture et l’apposa sur la première page. « doit faire l’objet d’une approbation générale de la part des autres divisions. Techniquement, nous pourrions nous en passer. Cela s’est déjà produit. La seule chose qu’on en retire, c’est des tensions affolantes entre division…»

Shûhei continuait de travailler, tout en s’arrêtant de temps en temps pour siroter ou grignoter. La véranda était parfaitement exposée et construite par un génie, de telle façon que le moindre courant d’air était pris au piège entre les colonnes et venait rafraichir les personnes assises sous la tonnelle. Ainsi les cheveux courts du brun oscillaient de temps en temps, tout comme les papiers autour de lui. Avec le chant des cigales, tintamarre tellement régulier qu’il en devenait monotone, le froissement du papier restait le seul bruit, si on omettait la voix de Shûhei ou le petit tintement de vaisselle passager. La nature était calme, rien ne venait déranger le travail des shinigami. Et le vice-capitaine continuait de parler, exposant l’ordre du jour, expliquant les dossiers en cours, soulignant les divers points sensibles de telle ou telle suggestion…

Et oui, il bossait…
Lui…

Ayano écoutait le plus attentivement possible le lieutenant qui donnait des informations sur la réunion de cette après-midi, ainsi que les ordres du jour et choses importantes à aborder... Sur le petit paquet de feuille qu'elle avait emporté, la jeune femme s'empressa de prendre des notes assidues sur ce que lui disait Shuhei. Bien sûr, c'était un peu ridicule, car elle n'avait pas emporté de dossier... Mais en même temps, ceux qu'elle avait apporté tout à l'heure au lieutenant, elle avait fini de remplir sa part du travail dessus, et puis emporter des dossiers qui ne la concernait pas... Le plus sérieux aurait été de passer faire un tour dans le bureau de la 10ème division, car de nouveaux dossiers avaient sûrement du atterrir sur sa table depuis les 10 minutes où elle était partie, mais faire le trajet sous le soleil étouffant ne lui disait rien... Ici, il y avait de la boisson, un cadre agréable, et de la fraîcheur, étonnamment. Du coup elle se rattrapait en écrivant sur sa feuille blanche les différents sujets abordés par Hisagi, pendant que celui-ci remplissait ses dossiers. Elle sirota son verre tranquillement.

- Très bien. Je prends note de tout cela. Il faudra que je passe aux quartiers de la 10ème tout à l'heure, pour prendre les dossiers nécessaires pour cette réunion, qui doivent toujours être dans le bureau...

Elle plaqua la main devant sa bouche pour étouffer un baillement, réminiscences des dernières soirées de travail s'étant fini très tard. Elle rejeta la tête en arrière pour l'appuyer contre le dossier de sa chaise, son crayon toujours en marche sur ses feuilles. Sauf qu'il s'adonnait maintenant à représenter des esquisses des quelques plantes peuplant la véranda.

-Malgré le travail qui s'amoncelle, les quartiers de la dixième sont plus calme en ce moment, depuis le départ de notre fukutaicho...

Elle avait parlé pour elle plus que pour le lieutenant, son regard se perdant dans la contemplation du paysage du seireitei à travers la véranda. Le crayon était tombé sur la feuille, malencontreusement lâché par la main qui le tenait. Le jeune femme profitait de cadre pour se détendre un peu, et laisser vagabonder ses pensées. Alors que ce n'était pas tout à fait le moment... On a bien le droit à quelques minutes de laisser-aller, non?

– « La vie de tout le monde est plus calme maintenant qu’elle est en mission sur terre. Enfin, pour nous. Pas pour eux. Je me demande dans quel état nous allons récupérer Renji et les deux gars de la onzième… La côte est de 11/2 pour comateux et de 8/1 pour une cirrhose du foie »
Shûhei avait commenté d’une voix tranquille, sans lever le nez de ses feuilles. Les paroles d’Ayano n’avaient fait que renouveler une crainte enfuie devant la fraicheur du lieu. Les papiers s’amoncelaient en ce moment, et il y en aurait encore plus après la réunion. Franchement, ce n’était pas une vie. A vous faire regretter d’être mort.

Le brun soupira lourdement et se frotta les yeux d’une main lasse. Apercevant que son interlocutrice était dans les vapes, il pensa un instant à la secouer, non pour la réprimander, mais pour la réveiller. Faire un somme à cette heure de la journée était une très mauvaise idée. Mais c’était tellement tentant. Il fallait dire que Shûhei était debout depuis l’aurore, et avait enchainé une session d’entrainement puis les papiers…

A son tour, il se détendit contre son pilier et profita de la sensation du soleil sur sa peau et du vent dans ses cheveux… Doucement, il s’endormait….

[Désolé, pas d’inspiration]

Ayano sourit à la remarque si naturellement dite par Shuhei. Tout en continuant d'observer le paysage à travers ses paupières à demi closes, elle eut une pensée pour tous les infortunés partis en mission sur terre avec le lieutenant de la 10è. Abarai, Madarame et Ayasegawa devaient s'en mordre les doigts... Et elle s'était toujours demandé comment Hitsugaya arrivait à la supporter. Bien que les rapports soient quand même conflictuels entre les deux, il régnait une sorte de connivence originale. Le petit gamin sérieux avec la grande folle surexcitée, ses deux supérieurs formaient un duo complémentaire en somme.
Elle ouvrit la bouche pour ajouter une anecdote, mais elle aperçut en tournant sa tête vers le brun que celui-ci somnolait déjà à moitié. Elle préféra ne pas l'interrompre, il semblerait qu'il ait été fort occupé aujourd'hui... Et elle aussi.
La jeune femme laissait vagabonder son regard sur chaque tuile, chaque brin d'herbe, chaque feuille flottant dans les airs, continuant de réfléchir à de nombreuses choses, plus ou moins importantes. La brise fraîche qui arpentait la véranda venait agiter ses mèches noires et blanches, souvenir douloureux d'un entraînement au kido raté... Les bruits extérieurs berçaient l'esprit de la jeune femme, tant et si bien qu'elle finit par fermer les yeux complètement. Et juste écouter le monde...

Ayano rouvrit les yeux, animée par un creux d'estomac, pour aller prendre quelque chose à grignoter. Elle se pencha donc pour chasser sa proie, mais le plat était malheureusement vide. Contrarié, elle regarda autour d'elle pour trouver une quelconque miraculeuse corne d'abondance qui lui apporterait de quoi se sustenter, mais tout ce qu'elle vit fut un fukutaicho brun endormi contre un pilier, des tasses de thé vide, son paquet de feuille griffonné, et les habituelles plantes de la véranda. Frustrée, elle posa ses coudes sur ses genoux, laissant pendre ses bras, et jeta à nouveau un coup d'oeil dehors. Elle put voir de l'animation cette fois. Le paysage s'était parsemé de 2 silhouettes noires qui traversait la pelouse en direction des bâtiments. C'etait manifestement Kira et Isane qui marchait ensemble. Après leur disparition derrière les murs d'une des rues, elle vit la petite Yachiru qui trottinait derrière pour les rattraper. Soudain, Ayano fut prit d'une angoisse et leva les yeux vers une quelconque horloge pouvant se trouver dans la salle : 15h.

Elle secoua doucement une épaule du fukutaicho pour le forcer à se réveiller.

-A quelle heure à lieu la réunion? J'ai peur que le temps n'ai filé trop vite...

– « grmmmll….» marmonna indistinctement Shûhei avec un mouvement d’épaules pour repousser cette chose qui le secouait et l’empêchait de si bien dormir. Cependant, le geste n’avait pas été suffisant pour vraiment le réveiller. Au contraire. Voilà maintenant que le vice-capitaine glissait le long de son pilier pour se coucher en boule, un bras sous la tête en guise d’oreiller. Son souffle retomba quasi immédiatement en une respiration régulière, lente et lourde du dormeur profondément assoupi.

Ayano soupira longuement en voyant le lieutenant de la Neuvième Division, celui qui avait sut si bien prendre le commandement et maintenir en état ses troupes après le départ de Tôsen, le travailleur acharné qui était venu la pour terminer ses dossiers, glisser lamentablement contre son pilier pour se rendormir encore plus profondément. Vision originale du lieutenant, plutôt risible qui la fit sourire malgré elle. Elle se tourna à nouveau vers la fenêtre, pour voir maintenant Le lieutenant Hinamori se diriger dans la même direction que les trois autres auparavant. Pas de doute, ils devaient tous se rendre à la réunion. Sa peur d'être en retard à un évènement important reprenait le dessus sur la Shinigami, et elle se rapprocha de la tête de la belle au bois dormant. Puis elle lui cria dans l'oreille, relativement modérément pour ne pas lui péter les tympans :

-REVEILLEZ-VOUS SHUHEI HISAGI! ON VA ÊTRE EN RETARD!

Ce n'était pas sans ses habitudes de réveiller les gens comme ça, ou même de crier sur les gens comme ça. Seul Siya et Asuka avaient droit à de tels traitements... Mais là, c'était une shinigami angoissée qui se trouvait dans cette véranda, et qui flippait d'arriver en retard. Aux grands mots les grands moyens...

Shûhei n’apprécia pas le geste. Ce n’était pas tant de se faire hurler dessus par très élégamment que la soudaineté de la chose. Et tant que Shinigami, il était habitué à passer d’un état de torpeur ou juste de détente à celui de véritable guerrier aux aguets. Et le réveil d’Ayano correspondait, dans son esprit embrumé, à un appel d’urgence. Avant même que ses yeux furent vraiment ouverts sur la réalité de la vie, son corps s’était tendu, la main crispée sur la poignée de son katana.

PAF !

Le haut de sa tête rencontra le visage de la jeune femme, penchée sur lui. Alors que la douleur achevait à la fois de le réveiller et de détruire les quelques neuronnes qu’il avait en état de marche à ce moment, Shûhei agit par instinct. Il attrapa cette « menace » qui venait de l’agresser doublement, la plaqua contre le pilier qu’il venait de quitter lors d’un mouvement tournant et l’étrangla à moitié.
– « Qui êtes-v---…. …. Kurohana-kun? …. Qu’est-ce que…»

Gné?
Mobilisation générale! Appel aux cellules grises ! Aux poste de combat immédiatement !

Sans comprendre vraiment ce qui ce passait, Ayano se prit un coup de tête de la part d'Hisagi, et fut collée contre le pilier contre lequel le lieutenant s'était assoupi quelques instants auparavant. Hisagi serrait fort, étranglant la shinigami à moitié. NB : Ne pas réveiller Shuhei Hisagi en lui criant dans les oreilles... Manifestement il n'y avait qu'avec ses deux amies que ça marchait sans faire trop de casse. Malgré le fait qu'elle sentait sa respiration s'amenuiser, et que ses pieds ne touchaient presque pas le sol, tout son menu poids soulevé par la force du lieutenant, elle lui sourit et enchaîna, comme si cette situation était tout à fait normale.

-Je vous remercie pour cet élan de tendresse non dissimulé,mais jetez plutôt un coup d'oeil à l'horloge. La réunion des Lieutenants, c'était à 15h non?

Elle appliqua ses mains sur les poignets d'Hisagi, qui continuait de la maintenir fermement collée contre le mur... Puis elle essaya de se dégager, mais il n'y avait aucun doute que la force du Lieutenant était nettement supérieure à la sienne. Au secours, s'il ne la lâchait pas, elle allait finir asphyxiée...Et un réveil en beauté, un!

– « Pardon.»
Si Shûhei la lâcha prestement et s’inclina profondément, il ne se répandit pas en excuses. Ceci dit, un coup d’œil sur ses oreilles dévoilerait une couleur carmin-écarlate digne du plus beau des homards. Lorsqu’il se releva, la coloration avait disparu, mais il faisait tout pour éviter le regard de la jeune femme.

– « Réunion. Oui, 15H… pourquoi ?»
Bêtement, il ne comprit pas où Ayano voulait en venir, et il suivit machinalement la direction indiquée. L’horloge. 15H. Réunion. L’horloge. 15H. Réunion. L’horloge. 15H. Réunion. L’horloge. 15H. Réunion.

– « Aaaaaah! Mais c’est l’heure ! Comment est-ce que j’ai pu m’endormir !!!»
Pas vraiment affolé. Juste fébrile. Ramassant rapidement papiers, dossiers et fournitures, laissant bons soins à ses camarades de ranger le reste, Shûhei s’achemina vers le lieu de réunion, ayant totalement oublié la présence de la jeune femme… Mais que voulez-vous !? Ses neuronnes se remettaient tout juste de leur apoplexie…

Quand Hisagi relâcha prestement le col d'Ayano pour s'incliner en s'excusant, la première chose qui fit la jeune femme fut de prendre un grand bol d'air. Enfin, elle respirait! Une seconde avant, elle se demandait si elle ne frôlait pas la carence en oxgène... Quand elle vit que le lieutenant s'inclinait devant elle, elle fut gênée. C'est pour ça qu'elle s'empressa de dire :

-Ne t'exc... Euh ne vous excusez pas! J'ai eu droit à bien pire vous savez!

Elle ponctua cette phrase d'un grand sourire. Le lieutenant mis quelques instant à se rendre compte qu'en effet la réunion des Lieutenants était à 15h, et qu'en effet ils allaient être en retard. Les neurones du cerveau d'Hisagi semblant enfin s'être connectés, il se précipita pour prendre fébrilement ses dossiers et ses papiers et foncer vers le lieu de réunion, oubliant Ayano. Celle-ci lui cria alors qu'il était déjà au bout du couloir, sur le point de sortir :

-Je vais chercher mes dossiers au bureau de la 10ème, on se retrouve dans la salle!

Puis elle ramassa à son tour son crayon et ses feuilles de papiers, et commença à courir vers les quartiers de la 10ème Division. Mais mais mais... pourquoi courir? Il existait un moyen plus simple, bien qu'elle ne soit pas forcément utile d'habitude. Ayano utilisa son shunpô pour se retrouver devant le bureau, qu'elle ouvrit à la volée pour prendre les dossiers nécessaires. Après une minute de farfouillage dans les tonnes de papiers, elle trouva enfin les rapports qui lui manquaient, et en un coup de shunpô se retrouva à quelques mètres du lieu de réunion. Replaçant ses lunettes sur son nez, elle avança tranquillement vers le bâtiment. Tout le monde était déjà rentré apparemment, mais elle chercha quand même des yeux Hisagi ou des éventuels retardataires.

(HS : On continue le topic avec la réunion? ou on arrête la? ou on zappe la réunion? Comme tu veux, je m'adapte.)

Mais Ayano n’était pas la dernière arrivée. Alors qu’elle rentrait dans la salle, elle fut un petit peu bousculé par Renji Abarai, essouflé et l’air très peu commode. Déjà qu’il n’était pas d’un naturel souriant, son expression actuelle faisait froid dans le dos… Shûhei voulut saluer son compagnon, mais ne reçut en réponse de son invitation amicale à venir le rejoindre qu’un bref hochement de tête, avant que le rouquin ne soit pris à l’écart par Chôjirô Sasakibe et Yachiru Kusajika.

Placide, le vice-capitaine haussa une épaule et finit – enfin ! – par apercevoir Ayano. Immédiatement, le bout supérieur de ses oreilles tourna au rouge profond. Apparemment, il était encore gêné pour son attitude précédente. Il répéta son invitation, à l’adresse de la jeune femme, cette fois.
– « C’est étrange… » murmurait Nanao Ise, placée à sa droite. – « Je croyais qu’Abarai-kun était en mission sur terre et excusé pour les réunions… »

A ce moment, Sasakibe se gratta la gorge, signe que la réunion commençait immédiatement. Bien qu’il n’y eut aucune préséance parmi les fukutaicho, le vice-capitaine de la première division était tacitement considéré comme le chef de groupe, l’arbitre et le référent.
– « Nous allons débuter cette reunion par un point qui n’était pas à l’ordre du jour, mais qui doit retenir toute notre attention. Il y a une dizaine de jours, les membres de la onzième division envoyés sur Terre, » et l’homme eut une inclinaison de tête vers Yachiru qui s’en foutait éperdument, occupée comme elle l’était à dévisager Renji, comme si c’était la première fois qu’elle le voyait… – « Donc, leur troisième et cinquième sièges ont identifié un shinigami sauvage, une sorte de ryoka terrestre. Il s’agit d’une jeune femme, qui a perdu toute mémoire… »

Il laissa le temps aux personnes assemblées de digérer la nouvelle avant de reprendre :
– « Cette ryoka a été examinée par le personnel de la douzième division, et Maryuri-taisho en personne s’est assuré qu’elle ne représentait aucun danger… » A ces mots, une vague de trouble parcourue l’assistance. On ne savait que trop bien ce que cela voulait dire et on n’osait imaginer les tests tenant plus de la torture que d’autre chose subis par cette ryoka. – « Après cet examen, la conclusion est qu’il s’agit d’une âme venant de la Soul Society, qui, pour une raison et surtout un moyen encore inidentifiés, a réussi à se projeter sur terre. Son reiatsu a fait d’elle une proie facile pour les Hollows, bien qu’elle eut montré une maitrise remarquable de son zanpakutô, allant jusqu’à déclencher un shikai… »

Cette fois, les murmures emplirent la salle. En effet, voilà une nouvelle de choc ! A croire qu’Ichigo était contagieux.
– « A la vue de ces éléments, il a été décidé que la ryoka ne serait pas enfermée en prison, essentiellement parce qu’elle n’est coupable d’aucun crime. Cependant, nous ne pouvons la laisser en liberté, pas avec ces pouvoirs instables. La décision a donc été prise de lui donner le statut d’invité spécial. A ce titre, elle aurait accès aux bâtiments du Gotei avec les permissions d’un élève de cinquième année, sans pouvoir quitter le Gotei. De plus, elle sera constamment monitorée. A cette fin, elle est confiée à la onzième division, qui sera capable d’agir si ces pouvoirs devenaient instables…»

A peine Ayano eut poussé les portes de la grande sale qu'elle se fit bousculer par le lieutenant Abarai Renji, visiblement dans un mauvais jour. Le maussade lieutenant fut prit à part bien vite, ce qui ne laissa à la troisième siège ni le temps de lui parler, ni même le temps de le saluer. Elle chercha alors dans la salle son compagnon de travail de cette après-midi, et se dirigea vers lui. Après l'avoir rejoint, et s'étant assis à sa gauche, entre le lieutenant Kira et lui, le lieutenant Sasakibe se racla la gorge en signe de début de réunion. Le silence se fit dans la salle, et le conseil commença avec un ordre du jour assez spécial. Sasakibe avait mentionné l'apparition d'une jeune ryoka qui aurait des pouvoirs de shinigami, et même un shikai?! Cela lui rappela immédiatement l'arrivée d'Ichigo à la Soul Society. Comme quoi, il n'était pas unique en son genre...
Le Lieutenant annonça pour finir que la ryoka serait intégré à la Onzième Division, qui la surveillera au cas où son cas pourrait dégénérer. Cette décision convenait à Ayano, et avait hâte de rencontrer cette fameuse shinigami autodidacte, afin de voir le phénomène... Pendant toute la durée de l'exposé de Sasakibe, Renji était resté avec une mine fermée, les propos du lieutenant semblant le préoccuper intérieurement. La jeune femme se tourna vers Hisagi :

-Il semblerait qu'Abarai-kun prenne ce sujet très au sérieux... Savez-vous pourquoi il est revenu de sa mission sur Terre?

(HJ : Vive les messages sans inspirations à 3h du matin. Gomen ==')

Shûhei avait suivi l’annonce avec attention, prenant même des notes de son écriture fine, donc complètement illisible pour tous ceux qui n’avaient pas été initié à la traduction « pattes de mouche 69 ». Son visage se fermait de plus en plus. Il n’aimait pas l’idée que les ryoka se mettaient à pousser comme les champignons en automne. Est-ce que cela avait à voir avec les manigances d’Aizen ? Et puis, le fait que cette inconnue put déjà obtenir un shikai… Tout comme Kurosaki auparavant. Et quand on sait le bordel que cet étranger avait mis à la Soul Society. Dernier point, mais pas des moindres, pour expliquer l’air peu engageant de Shûhei, était le fait qu’il n’avait aucune confiance en la onzième division. Quoi ? Ils étaient censés être les plus forts et avaient été laminés à plat de couture par Ichigo et sa bande ! Alors, est-ce qu’ils seraient capables de tenir cette nouvelle ryoka à l’œil ?

– « Qu’il soit revenu ne m’étonne pas plus que ça. Après tout, c’est un vice-capitaine, il doit être au courant. En plus, il était dans le monde réel lui aussi. Si ça se trouve, il connait déjà cette ryoka. Il y a des chances qu’ils se soient vu sur terre… » analysa le brun en fronçant les sourcils. Il examinait Renji, avec qui il avait des rapports amicaux, mais sans être très intimes. Les récents événements les avaient rapproché, certes, mais ils n’étaient pas encore très proches, et ni Renji ni Shûhei n’avaient envie de rompre l’équilibre délicat de cette amitié naissante en brusquant l’autre. Hé quoi, c’est que c’est sensible, ces petites bêtes là !!!

– « Par contre, je ne comprends pas pourquoi il a l’air si concerné, et qu’il ne soit pas assis avec nous. A croire qu’il est accusé de quelque chose ou qu’il a un rôle à jouer dans tout ça… »

Shûhei avait fait le tour de la question. Renji avait bel et bien un rôle à jouer dans cette histoire, rôle qu’il avait encore du mal à assumer… Il se dandinait sur ses pieds, très mal à l’aise, désirant que cette réunion fût finie au plus vite et qu’il pût s’en aller. Loin de tous ses regards qui allaient très rapidement se fixer sur lui. Et surtout, pouvoir avoir une conversation réellement privée avec sa s---.

– « Bien, » reprit Sasabike. « Puisqu’il ne semble pas avoir d’objection ou de question immédiate, je vous propose de faire la connaissance avec cette jeune personne. Je vous demande à tous de l’aider en cas de besoin. N’oubliez pas qu’elle est amnésique et dans un univers déroutant. Cependant, gardez en mémoire que nous ne connaissons rien de ces pouvoirs. En cas de doute, n’hésitez pas à contacter Unohana-taisho ou Kuostuchi-taisho. »

Sur ces paroles peu rassurantes, il fit un signe de la main et un panneau de bois glissa, permettant à une silhouette de pénétrer dans la salle. Bien que vêtue d’un kinomo blanc des résidents au centre de soin, elle dévoilait beaucoup de son anatomie très… généreuse. Shûhei, pourtant connu pour son contrôle de soi, ne put retenir un hoquet. Mais, une fois passé ce… côté-ci… de la jeune femme, on ne pouvait qu’être frappé par la lourde et longue crinière de feu, semblable à celle de Renji Ab---.
– « Je vous présente Ayaka Abarai. »

Sasakibe ne put aller plus loin, devant la montée des cris de surprise. La jeune femme sursauta, d’un air complètement déboussolé, et se rapprocha de Renji, allant même jusqu’à empoigner la manche de son habit en un geste nerveux… Finalement, ce fut Yachiru qui péta une durite. Son reiatsu s’enflamma, calmant immédiatement l’agitation dans la salle.
– « Ce n’est pas fini, non ? Vous voyez pas que Yon-yon a peur ! On dirait des pies en train de jacasser. Oui, c’est la sœur de Monk-Monk, et alors ? Vous auriez préféré qu’elle en soit la fille ? »

[HS: sujet écrit à 3 cerveaux…. Il n’en fallait pas moins….]


Ayaka ne savait plus quoi faire. Pas seulement dans cette pièce, devant tous ses shinigami, mais depuis le début. Le début qui commençait il y a une dizaine de jours, quand elle s’était éveillée dans cette échoppe bizarre entourée de gens encore plus bizarres… et sans aucun souvenir. Même son prénom. Rien.

Les shinigami – puisque c’était là ce qu’ils étaient – l’avaient traité du mieux qu’ils pouvaient. Les premiers, ceux qui l’avaient sauvée, étaient clairement des guerriers et plus que mal à l’aise face à son physique. Ce pouvoir qu’elle avait sur les hommes, Ayaka l’avait rapidement maitrisé. Il n’y avait bien que le capitaine de la douzième division pour avoir y été totalement insensible. Rien que mentionner ce nom fit frissonner la jeune femme, et pour s’arracher aux tristes souvenirs – pas si lointains, puisqu’elle était sortie hier matin de sa « chambre » - elle se concentra sur la discussion en cours.

Malgré elle, elle s’était rapprochée de Renji. Sa présence la rassurait et sentir son reiatsu semblait être la plus merveilleuse chose au monde. Elle avait tout juste reçu son nom de la bouche de la petite fille aux cheveux roses – elle apprit plus tard qu’elle était en fait vice-capitaine – quand Renji avait fait son apparition, prévenu par Yachiru via un papillon noir. Son entrée avait été à son image : vive presque violente, mais éclatante.

Et avant même que Yachiru eût put dire quoi que ce soit, ils s’étaient reconnus. Pas de visage, pas de nom, car même maintenant, ils ne connaissaient rien l’un de l’autre. Cela avait été une réaction instinctive, un peu comme un shninigami et son zanpakuto se choisissaient. Ils étaient du même sang, de la même chair. Il fut un temps où ils avaient partagé l’eau et la chaleur d’un foyer, l’amour de parents et une vie humaine. Des siècles les avaient séparés, mais le lien entre eux subsistait.

Ayaka se surprit donc à agripper sa manche d’uniforme, et Renji s’étonna en lui serrant les doigts, gestes familiers aux deux. Heureusement, l’intervention de Yachiru calma les esprits immédiatement. Ayaka hésita à se décoller de son grand-frère, mais ce dernier avait l’intention de régler le problème une fois pour toute. Renji la tira plus qu’autre chose, mais il la présenta à Byakuka, son capitaine, puis au reste du groupe. Quand le duo de rouquins s’arrêta devant Shuhei, ce dernier se contenta de hocher la tête. Renji prit ça pour sa réserve naturelle, mais il s’agissait en fait d’un profond embrassement, à ne pas savoir où poser les yeux.

- « et voilà Ayano Kurohana, la troisième siège de la dixième division. Tu as déjà rencontré Rangiku et Hitsugaya-Taisho…»
– « Bon…. Bonjour ! »